Le football à 12 h 30, vous aimez ? À San Siro, oui

Remarque liminaire n’acceptant aucun débat : le match de football du dimanche à 12h30 n’a aucun sens. En Italie, le calcio est historiquement à 15 heures. La télévision, avec ses millions, a modifié cette tradition en déplaçant les affiches en soirée, en prime time, et en étalant les parties du vendredi au lundi. Désormais, deux à trois rencontres subsistent le dimanche à 15 heures. Fini le multiplex. Même « Tutto il calcio minuto per minuto » a dû s’adapter. Le fameux programme radio de la Rai, créé en 1959 et qui était écouté dans les années 70 et 80 par 20 à 25 millions de personnes, est, lui aussi, dilué entre le samedi et le dimanche (ici pour l’écouter). L’Italie ne s’arrête plus de respirer de 15 heures à 17 heures pour suivre la Serie A. 

Pour dépasser le milliard d’euros annuel de droits TV, les marchés internationaux ont aussi été cajolés. L’Asie s’est vue « offrir » une rencontre à 12h30, correspondant à la soirée sur le continent. Un match à l’heure du déjeuner pour nous, comme en Espagne, en France ou en Angleterre, à 30 minutes de plus ou de moins. 

Alors, chaque week-end de championnat, deux équipes jouent à l’heure où une partie de l’Italie quitte l’Église pour se retrouver à table en famille. Et le match, à la télévision ou au stade, n’est plus le dessert. Il devient une « excuse » pour ne plus aller chez les beaux-parents. Vous voyez, on commence à trouver des avantages.  

Un autre, se réveiller le dimanche matin avec comme première pensée : allez, je me prépare pour aller au stade. 

Ce dimanche 16 octobre, c’était au tour de l’Inter d’accueillir cette rencontre. Et la Salernitana, qu’importe le jour et l’horaire, est suivie en masse par ses tifosi. Deux heures avant le coup d’envoi, les métros de la M5 sont déjà bondés, avec le grenat bien représenté. Les rames se transforment en sauna. Le cappuccino à peine bu peut alors mettre votre estomac à rude preuve. Un conseil, voyagez léger. Le brunch peut bien être remplacé par un café et un panino devant le stade encore enveloppé par le brouillard milanais (la nebbia) typique de l’automne.

11h30, 17 degrés, la queue pour entrer est longue à une heure du coup d’envoi. Mais les retardataires seront tout de même nombreux… Pas au point de rater le premier but de Lautaro Martinez pour la plupart. L’Inter s’est imposée 2-0, confirmant son redressement initié 10 jours plus tôt contre Barcelone après un début de saison compliqué.

Ce dimanche, 75 453 personnes ont donc choisi de passer leur déjeuner dominical au stade. Encore un match à guichet fermé (3 blocs centraux aux 3e anneaux bleu et vert sont fermés depuis 2 ans pour raison de sécurité, ayant abaissé la capacité maximale de San Siro). Il s’agit même de la meilleure affluence de l’Inter en sept rencontres à domicile cette saison toutes compétitions confondues.

Cette saison, les deux équipes milanaises tournent à 72 000 spectateurs de moyenne après 5 rencontres chacune au Meazza. Un engouement nourrissant le débat du possible nouveau stade, annoncé aux alentours de 63 000 places. Pourtant, le débat public en cours n’intéresse pas grand monde. L’opposition au projet des deux clubs vient des politiques et des citoyens, avec l’environnement et la destruction d’un monument public comme principales inquiétudes. Les supporters ont laissé les sièges vides lors des deux premières sessions. Le stade Meazza restera la maison de l’Inter et du Milan au moins jusqu’en 2027. Si loin pour être inquiet ou si proche au point d’être résigné ?

La Juventus a accueilli la Salernitana le dimanche 11 septembre à 20 h 45. Un horaire plus propice au public local. Pas de sold out pourtant… 35 097 personnes à l’Allianz Stadium (secteur visiteurs, complet) et 2 millions de recettes pour le club bianconero grâce à son stade moderne et privé. L’Inter, avec plus du double ce dimanche, n’arrivera pas à 4 millions (2,5/3 millions ?).

Foot populaire contre foot business, deux clichés extrêmes difficiles à faire cohabiter. Pourtant, ce 16 octobre, contrairement à la nebbia, l’illusion d’une cohabitation partielle ne s’est pas dissipée. 75 000 personnes peuvent se retrouver avec des billets à des tarifs majoritairement abordables pour profiter d’un spectacle. Même un dimanche à 12 h 30.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s