Serie A : le scudetto reste à Milan, mais change de rive

L’Inter avait attendu 11 ans pour remporter son 19e titre de de Serie A, Milan aura attendu 11 ans. Un an après, l’histoire se répète. La fin semblait écrite. L’Inter était pourtant obligé d’y croire. Parce que le football est rempli d’histoires du genre, de renversements incroyables sur le fil d’un match ou d’une saison. Cet espoir de conserver le scudetto dans la maison nerazzurra, Viale della Liberazione, où les deux coupes nationales ont été ajoutées cette année et de décrocher la seconde étoile (pour 20 titres) s’est amenuisé au fil des dimanches maitrisés par les Rossoneri.

Lors du dernier mois, ils n’ont rien raté. Le lourd revers lors du derby en demi-finale de Coppa Italia (3-0 au retour le 19 avril, 0-0 à l’aller), aurait pu être un tournant psychologique. Derrière, les hommes de Stefano Pioli ont enchaîné quatre succès Lazio (1-2), Fiorentina (1-0), Vérone (1-3), Atalanta (2-0). Parfois avec la chance du champion, comme à Rome. Parfois avec la maîtrise du champion, comme contre l’Atalanta.

Ce dimanche, en cette 38e journée de Serie A, où les deux clubs milanais se disputaient à distance le titre, les ultimes espoirs des Interistes se sont sans doute éteints après 17 minutes. Allez, 32 pour les plus optimistes. À Reggio Emilia, dans un stade acquis à sa cause (18000 des 21000 personnes), Milan s’est rapidement libéré grâce à un doublé d’Olivier Giroud. Encore. Le Français qui avait déjà renversé le derby retour en 7 minutes (le 5 février) est décidément l’homme des buts pesants. Kessie a ajouté un 3e but avant la pause. Puis rideau en attendant la fête.

Giroud, encore

Le doublé de Giroud à l’époque avait relancé la course scudetto et donné au Milan l’avantage sur les confrontations directes (1-1 à l’aller, 2-1 au retour), premier critère en cas d’égalité de points. Alors, Milan pouvait se permettre le luxe de faire match nul ce dimanche à Reggio-Emilia contre une équipe de Sassuolo n’ayant plus rien à jouer (comme la Sampdoria, adversaire de l’Inter). Deux points de marge depuis la sortie de route de l’Inter à Bologne lors du fameux match en retard. L’astérisque resté au classement pendant près de 4 mois. Le match du 6 janvier non joué à cause de plusieurs cas de Covid dans l’effectif bolognais. L’Inter, comme d’autres équipes à cette époque, s’était déplacée pour respecter un règlement consternant, sachant que Bologne était bloquée par l’ASL, l’autorité sanitaire. Des recours de la part de l’Inter, comme les autres équipes « flouées », pour tenter de gagner 3-0 (comme le prévoit le règlement lorsqu’une équipe ne se présente pas) jusqu’à jouer fin avril, comme les autres matches non disputés en début d’année 2022.

L’Inter a perdu le contrôle de son destin ce mercredi 27 avril (2-1). L’erreur de Radu restant le symbole d’une partie lâchée avant tout dans les têtes. Trop de frénésie alors que l’Inter était meilleure sur le terrain. Le retour par moments de la « Pazza Inter » cette saison, pour le meilleur et le pire, après le traitement de Conte pour rendre cette équipe et ce club plus rationnels. 

Simone Inzaghi, qui a accepté une lourde succession en ayant perdu Hakimi, Lukaku et Eriksen pendant l’été, a tout de même offert deux trophées à l’Inter. La Supercoppa et la Coppa Italia, à chaque fois, contre la Juventus et après prolongation. Les résultats en fin d’année 2021 ont donné à son Inter l’étiquette de favori. En début de saison, la Juventus avec le retour d’Allegri était davantage citée, laissant l’Inter en retrait avec le Milan, le Napoli et l’Atalanta, voire la Roma de Mourinho. Il termine avec plus de points que Conte à sa première saison sur le banc de l’Inter et en ayant lutté pour le titre jusqu’à la dernière journée (en 2020, la Juve avait été championne avec 2 journées d’avance). Ce n’est pas un trophée, bien sûr. Chaque saison à son histoire, avec son effectif, ses aléas. Comme la saison de Joaquin Correa, recrue la plus chère d’un été passé à réduire le déficit… Entre plusieurs blessures, l’Argentin a marqué 6 buts, 3 doublés. Le dernier ce dimanche, en 3 minutes, après l’ouverture du score de Perisic. Là aussi, 3-0. Pour l’honneur.

L’Inter entre regrets et fierté

La communion entre les joueurs et leurs tifosi pendant de longues minutes à la fin de la rencontre n’avait rien de comparable avec la liesse des Milanisti. Les yeux rougis de Dimarco ou Lautaro, les longs applaudissements de Ranocchia (qui est en fin de contrat), puis les familles sont venues, les enfants jouaient au ballon. Savoir perdre et le pourquoi, mais aussi reconnaître le positif d’une saison est sans doute une première pierre pour bien préparer la prochaine. 

L’Inter termine avec la meilleure différence de buts et en tête de nombreux indicateurs, comme l’attaque (84 buts). Elle a perdu son titre par sa faute, mais également celle de son cousin rossonero, qui a réalisé un parcours quasiment parfait au vu de ses moyens. 

Pioli, Maldini, mais aussi Massara et Moncada

La continuité a payé. Surtout, le travail de Stefano Pioli a payé. Milan est le seul club du top 8 italien (avec l’Atalanta de Gasperini) à ne pas avoir changé d’entraîneur l’été dernier. Il est arrivé en octobre 2019 sans grand enthousiasme, il a risqué sa place au bout de quelques mois. Il a soulevé la première coupe de sa carrière ce dimanche. 

Paolo Maldini et Frederic Massara sont aussi à féliciter. Le directeur sportif franco-italien arrivé en 2019, est l’homme de l’ombre. Déjà à Palerme et la Roma, le travail de l’ancien joueur puis entraîneur – élève de Sabatini – avait été convaincant. La colonie francophone (Maignan, Théo Hernandez, Leao, Giroud ou encore la révélation Kalulu) porte sa marque, ainsi que celle d’un autre français, Geoffrey Moncada, chef du secteur scout depuis 2018 après avoir travaillé à Monaco. Ils ont su aller chercher à des tarifs modérés les joueurs dont avait besoin Pioli. Maignan, élu meilleur gardien de Serie A, a fait oublier Donnarumma. Il a été l’élément décisif de cette saison pour ses arrêts et son jeu au pied. Leao (élu meilleur joueur) a porté l’équipe dans le sprint final. 11 buts cette saison, comme Giroud. Il faut remonter à 2012 et le premier de la Juve Made in Conte pour retrouver un meilleur buteur chez le champion avec moins de réalisations (Matri, 10).

Et puis, malgré des blessures l’ayant écarté du rectangle vert, Ibrahimovic a joué son rôle dans le vestiaire pour transmettre la confiance au sein d’un groupe où peu avaient déjà gagné. Lui a été champion partout. Et même à Milan 2011 lors de son premier passage. Il en est à 5 scudetti, 3 avec l’Inter et 2 avec Milan.

L’attente était énorme chez les tifosi milanisti et n’a fait que croitre jusqu’à ce dimanche estival (30 degrès dans le nord de l’Italie). L’AC Milan était à sec de trophée depuis 2016 et une Supercoppa (disputée comme finaliste de la Coppa Italia) remportée à Doha contre la Juventus. Sinon, il faut remonter à 2011 et le 18e scudetto. Les deux clubs de Milan, premier et deuxième cette saison-là, avec la Coppa Italia en sus pour l’Inter (ça ne vous rappelle rien?), ont progressivement plongé dans les abîmes, laissant la Juventus prendre 9 scudetti de rang, mais aussi le Napoli, la Roma et même l’Atalanta s’approprier les accessits. Les Nerazzurri se sont relevés un peu plus vite, retrouvant la Ligue des Champions – sur le fil – en 2018, la deuxième place en 2020 et le scudetto en 2021. Un titre l’an dernier – après 11 ans d’attente – devant l’AC Milan, mais en étant sacré avec 4 journées d’avance. 

19-19, balle au centre

Les deux équipes de Milan ne s’étaient pas retrouvées en tête à tête jusqu’au dernier soupir de la saison depuis 1965. L’Inter avait alors remporté son 9e titre national. 

Un 22 mai, qui, pour l’histoire, est fêté sur la rive nerazzurra comme le dernier morceau du Triplete de 2010, qui est aussi la dernière Ligue des Champions du football italien. Sur la rive rossonera, le 22 mai 1963 marque la première Coupe des Clubs Champions du club et du football italien. Voir les deux clubs lombards se retrouver en ce jour anniversaire pour une lutte nationale illustre également la perte d’importance de l’Italie sur la scène continentale. Mercredi, la Roma disputera la finale de la Conference League, deux ans après la finale (perdue)  d’Europa League de l’Inter. 

Mais ça, c’est un autre sujet… 

Ce 22 mai est le début d’une période festive. La piazza Duomo a été envahie de rouge et noir avant même 20 heures et l’officialisation, les klaxons et feu d’artifices n’ont pas arrêté de toute la soirée. Ce lundi devrait être la fête officielle entre l’équipe et son peuple.

Inter 19-Milan 19. Rendez-vous la saison prochaine pour aller décrocher la deuxième étoile, la troisième de la ville ? 

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