Les musées reprennent progressivement vie en Italie depuis une semaine. Si les théâtres et les cinémas doivent encore attendre, les régions en zone jaune ont désormais le droit d’ouvrir les musées au public du lundi au vendredi. Des règles allégées face aux chiffres rassurants après des restrictions strictes pendant les fêtes de fin d’année. Dans 16 régions (le Trento est en jaune mais Bolzano en lockdown), les bars, restaurants sont ouverts jusqu’à 18 heures, il est possible de sortir de sa ville. Une bouffée d’oxygène vécue avec prudence dans le secteur de la culture, surtout en Lombardie, épicentre de la première vague et encore durement touchée en fin d’année. Les musées étaient fermés du 27 février au 9 juin 2020 puis de début novembre à début février. Certains sont encore clos, préférant attendre que la situation épidémiologique soit stable car chaque semaine, les règles peuvent évoluer. Entre légère hausse des cas ces derniers jours et le risque des variantes l’Italie n’est sortie d’affaire. Et puis, sans tourisme et avec des collections à l’arrêt faute de visibilité, il n’est pas si évident de repartir.

À Milan, le Cenacolo a rouvert ce mardi 9 février, suivant scrupuleusement les règles. Un maximum de 12 personnes toutes les 15 minutes sont autorisées (35 avant le Covid) pour voir l’Ultima Cena de Leonardo Da Vinci et la Crocifissione de
Giovanni Donato Montorfano. Le reste est fermé.
Visiter le Cenacolo Vinciano est un luxe, même pour un habitant de Milan. Enfin, était un luxe. Les listes de réservations complètes plusieurs mois à l’avance (445.728 entrées en 2019) ont laissé place à des achats de billet à la dernière minute en ce premier jour. Ce mardi, nous étions neuf. Un privilège d’admirer pour la première fois ce chef d’œuvre. Quinze minutes hors sol, loin du virus, du vaccin ou même de la crise politique. Un cadeau. Juste Leonardo et moi. Enfin, Leonardo, moi et huit personnes. Un calme et une lenteur d’un autre temps pour scruter les détails de cette Ultima Cena : sa peinture à sec, les restaurations pour que l’humidité n’ait pas la peau de cet héritage. Et penser à l’Histoire milanaise. Une œuvre commandée à la fin du 15e siècle par Ludovico il Moro dans le réfectoire du couvent adjacent au sanctuaire de Santa Maria delle Grazie. Sans oublier sur l’autre mur, vers la sortie, la Crucifixion. Une scène traditionnelle peinte par Donato Montorfano à laquelle De Vinci a ajouté les Portraits des ducs de Milan avec leurs enfants, qui sont à peine lisibles. Il était déjà le moment de sortir. Un dernier regard avant de revenir sur terre.
Un bonheur de retrouver un musée après plus de 3 mois de privation. La culture est une nourriture pour l’esprit. Et ce jeudi le Duomo rouvre à son tour. Je le connais, j’étais sur sa terrasse fin juin, mais le Cenacolo m’a ouvert l’appétit.
